samedi 14 février 2015

Un témoignage réjouissant !



« NOS VOISINS LES ROMS… »

Voila quelques temps que je me disais : «  tu ne fais pas grand-chose pour les pauvres.  Ceux qui sont vraiment dans le besoin. » Une sorte de mauvaise conscience latente. En même temps je souhaitais un pauvre, pas trop loin de chez moi, qui ait vraiment envie de s’en sortir, à qui je puisse être vraiment utile, un pauvre sur mesure quoi. 
 
Quelques semaines plus tard, je rencontrais Philippe, un prêtre, très engagé avec les ROMS. 
« Dites Père, j’ai une caravane qui ne me sert pas pour l’instant, si vous en avez besoin pour une famille ROM ? » 
« Alors là, tu m’intéresses ! Je passe te voir demain.» 
Je pensais faire d’une pierre deux coups : faire une bonne action et me débarrasser d’une caravane qui ne me servirait probablement plus. Le lendemain, je montrais donc « la chose » au Père. 
« Elle est superbe ! » « Vous trouvez ? » « Oui, oui ! J’ai une famille qui pourrait emménager dedans. Il faudrait la déplacer. Tu as de la place de l’autre côté de ta maison ? En élargissant le passage ça pourrait aller. » « ??? » Pour être tout à fait honnête, notre brave Père n’avait pas eu besoin d’insister. Nous nous étions, mon épouse et moi, préparés au pire.

Nous nous sommes retrouvés avec une famille ROM de quatre personnes, dont les parents ont l’âge de nos propres enfants et leurs enfants, ceux de nos petits enfants. Pourtant, il me restait une sourde angoisse sur la propreté de MON terrain. On veut bien être généreux, mais-pas vivre sur des immondices quand même. Il n’y a qu’à voir les camps sur les bords des autoroutes pour comprendre mes craintes… 

Nous avions mis aussi à leur disposition une cabane de jardin, que j’avais, depuis longtemps, abandonnée aux araignées. En un tour de balai Tatiana, la Maman, avait repris possession du lieu et y installait ses bagages. « J’aime bien que ma maison soit propre, » me fit-elle comprendre. Aujourd’hui, je suis obligé d’admettre que notre propriété n’a jamais été aussi propre. Nous avons convenu que je leur laissais le balai de cantonnier à disposition. Ils le passent au moins une fois par semaine. J’ai eu des remerciements de la part du facteur. Il ne dérape plus sur les feuilles. 

Ils cherchent vraiment à s’en sortir. Étant à la retraite, je les ai accompagnés pour les inscriptions des enfants à l’école, inscription des parents au centre social où ils apprennent le français, au Secours Populaire et au Resto du Cœur, pour l’aide alimentaire, à la Maison du Rhône pour l’assistante sociale, à Pole Emploi, chez le médecin et le dentiste du quartier. Nous avons la chance d’avoir une voisine dont le roumain est la langue maternelle et qui fait partie du conseil municipal. Une amie, ancienne institutrice, vient deux fois par semaine donner des cours de lecture à Florin, le garçon de 10 ans. 

Ils font aussi des démarches de leur côté, que je découvre par hasard. Si je n’avais pas eu ce temps pour les accompagner, d’autres l’auraient eu à ma place. La Ligue des Droits de l’Homme, l’Association CLASSES et le Père Philippe nous accompagnent.

Financièrement j’en suis d’une bouteille de gaz par mois, de l’électricité et de l’eau. Avec l’hiver et le gel, il a fallut passer à un WC sec, ce qui diminue encore la consommation. Ils viennent prendre l’eau dans le garage. Pour l’électricité, ils n’allument que la nuit tombée. Ils font tout pour faire des économies, comme si c’était eux qui devaient payer. Un investissement de 250 euros pour l’isolation de la caravane nous a permis de gagner sur le chauffage électrique. Pour des raisons de sécurité, je n’ai pas voulu qu’ils utilisent le vieux chauffage à gaz.

Nous n’avons changé aucune de nos habitudes de vie. Je laisse mes outils de jardinage dehors. Seule différence, comme Francesca, 4 ans, est là en permanence, la piscine reste fermée, ce que nous ne faisions pas en l’absence de nos petits enfants. Je ne ramasse que ce qui pourrait être dangereux pour cet adorable petit « bougeon ». Un peu d’ordre ne fait pas de mal. 

Il a fallu trouver un équilibre entre ce qu’ils reçoivent de nous et ce qu’ils voudraient nous rendre. Nous ne pouvions accepter qu’ils nous redonnent une partie de l’aide alimentaire. Nous ne voulions pas profiter de la situation et en même temps, il fallait qu’ils puissent garder leur fierté.

Si l’on ne doit pas élever ses enfants pour soi, de même il faut tout faire pour que ces gens puissent voler de leurs propres ailes le plus vite possible, même si nos relations affectives se sont renforcés : Tatiana m’appelle : Papa, et la petite : Papy.

Nous n’avons pas l’impression d’avoir fait grand-chose pour Ion (le Papa) et sa famille. Une adresse fixe, un nom de plus sur notre boite aux lettres, une vielle caravane de 4m un peu fatiguée et un saut vers l’inconnu.   
Mais quelle belle aventure humaine nous vivons là ! 

Jean-Luc

vendredi 6 février 2015

Où en est la scolarisation ?

Quelques chiffres

Entre septembre et décembre 2014, CLASSES a été en contact avec plus de 300 enfants vivant en habitat précaire, répartis sur 23 communes de l'agglomération lyonnaise.
208 ont été scolarisés
34 en maternelle, 115 en élémentaire, 52 en collège, 7 en lycée, dans 103 écoles différentes.
Environ 112 suivent une scolarité assidue.
137 ont bénéficié d'un abonnement TCL pour pouvoir se rendre à l'école.
Merci à toutes les personnes qui accompagnent et soutiennent ces familles, membres de C.L.A.S.S.E.S. ou d'autres associations, ou simplement citoyens actifs.

Scolarité possible grâce à l'engagement des communes et des établissements scolaires.
Le point noir de la rentrée : la commune de Bron qui sans la pression exercée par associations et citoyens n'aurait jamais scolarisé les enfants vivant en bidonville sur Bron. 
Surprenant pour une ville membre du réseau "Ville amie des enfants" de l'Unicef !

Mais :
   Terribles conditions de vie, surtout l'hiver
+ insécurité : la plupart des familles sont sous la menace d'une expulsion prochaine
+ pauvreté extrême (aucune allocation, aucune aide financière, même en cas de scolarisation)
+ problème d'accès aux soins (surtout quand la commune refuse la domiciliation administrative permettant d'accéder à l'Aide Médicale d’État, comme à Bron...)
= scolarité trop souvent irrégulière, apprentissages insuffisants
En février à Bron, visite de l'institutrice...

La qualité de la scolarité d'un enfant dépend des conditions d'hébergement de sa famille

Nous sommes nombreux à réclamer l'accès de toutes les familles à un hébergement digne. 
Récemment créés sur Lyon : le collectif Jamais Sans Toit initié par des écoles de l'agglomération, lire les derniers communiqués
et la Coordination Urgence Migrants Lire et signer l'appel 

Pourtant des solutions existent pour ces familles, des expériences ont fait leurs preuves avec des résultats très positifs, un peu partout en France.

Si les bidonvilles de 2014 ressemblaient furieusement à ceux des années 60, voir le reportage photo saisissant
Il faudra que 2015 soit l'année des décisions politiques courageuses, qui permettront à toutes les familles de vivre dignement.
ET SI ON LEUR LAISSAIT LA PAROLE ? Voir le site de "Parole de Roms" 


jeudi 5 février 2015

JAMAIS SANS TOIT


Lyon le 5 février 2015
COMMUNIQUE DE PRESSE DES COLLECTIFS  « JAMAIS SANS TOIT » DE LYON, VAUX EN VELIN, OULLINS, ST GENIS LAVAL. 

 11 Semaines d'occupation, toujours des familles sans logement !

 Le collectif Jamais Sant Toit dénonce la situation des familles sans logement depuis le 20 novembre. 11 semaines plus tard, l'école Gilbert Dru est toujours occupée ! Pendant ce temps, Sylvia Pinel multiplie les déclarations de principe qui ne sont pas suivies d'effet dans la réalité.
Au contraire le 20ème rapport de la fondation Abbé Pierre montre une dégradation avec une augmentation de 44 % des familles sans logement, dont 30 000 enfants concernés en 2012 sur l'ensemble du territoire.

 Sur notre agglomération, le collectif Jamais Sans Toit sera reçu vendredi 6 février par le directeur de cabinet du préfet, il entend obtenir des réponses pour les familles encore sans solution, c'est le cas de 8 qui sont pourtant composées de mère seule avec enfants. Le directeur de la cohésion sociale avait pourtant annoncé que de telles situations seraient prioritaires. C'est pour cette raison que l'école Gilbert Dru est occupée depuis maintenant près de 80 jours, elle accueille une maman seule avec son fils de 10 ans.


Le collectif va encore dénoncer les mensonges de la préfecture, en effet le 21 novembre le préfet dans son courrier s'engageait à offrir des hébergements pérennes, or au moins une famille avec un titre de séjour est toujours à la rue. Dans ce même courrier, la préfecture s'était engagée à réexaminer les situations des familles, plus de 2 mois après, rien n'a été fait !
 

La plupart des familles hébergées l'ont été dans le cadre du plan froid, le collectif tient pourtant à rappeler que l'hébergement est un droit inconditionnel  (l'article 3452-2 du Code de l’Action sociale et des familles, qui a force de loi stipule : «Toute personne en situation de détresse a accès, sans aucune condition de régularité de situation, à tout moment à un hébergement d’urgence.»), et qu'il est donc hors de question que les familles prises en charge soient remises à la rue à la fin du mois de mars.

 Le collectif dénonce le manque de courage politique de Gérard Collomb qui a toujours refusé de recevoir le collectif et ce malgré trois demandes d'audience. Il est bon de rappeler que celui-ci en tant que maire de Lyon et président du Grand Lyon est propriétaire de nombreux logements disponibles qui pourraient être mis à disposition de la préfecture, cela n'aurait aucun coût. 

Le collectif dénonce également l'attitude de Mme Vallaud Belkacem qui a reçu le collectif le 20 décembre et s'était engagée à apporter une réponse au collectif.

COMMUNIQUE DE PRESSE DES COLLECTIFS  « JAMAIS SANS TOIT » DE LYON, VAUX EN VELIN, OULLINS, ST GENIS LAVAL. 

LE 20 JANVIER 2015

   Contrairement à ce que dit la Préfecture, qui vient de refuser un rendez-vous avec les collectifs, du fait que tout irait bien pour l’hébergement des 70 familles recensées…Les collectifs déclarent que cela est un mensonge de plus !


   En effet,  une toute petite moitié, seulement, de ces familles a obtenu un hébergement. Cela, dans le cadre du plan froid, jusqu’à fin mars. Nous sommes donc loin du compte et d’un hébergement pérenne  qui rappelons-le, est  un droit institué par la Loi.

   Sur les familles qui ont reçu un hébergement momentané, certaines sont soit en village organisé, soit en gymnase collectif, soit en hôtel (merci à l’Etat d’engraisser le privé avec les deniers des contribuables).

    De plus certaines familles sont logées chez l’habitant dans le cadre d’une solidarité citoyenne active. (Là encore l’Etat se défausse de ses responsabilités et ferme les yeux sur ces familles non enregistrées par ses services.).

    Par conséquent les collectifs maintiennent leur vigilance, rappellent que l’école Gilbert Dru est toujours occupée et que d’autres écoles se préparent à réoccuper leur gymnase.
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